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Démocratie Ouverte

Réflexions

Les Civic Tech survivront-elles aux élections présidentielles de 2017 ?

22 décembre 2016 • By

Ce post est le dernier d’une série de 4 billets dédiés aux impasses de la CivicTech. Cette fois, les acteurs de la Civic Tech partagent leurs visions sur l’avenir de cet écosystème : survivra-t’il aux élections présidentielles de 2017.

La Civic Tech survivra t'elle aux élections présidentielles de 2017

Clara Boudehen – Chargée de mission au cabinet d’Axelle Lemaire

J’espère bien que les Civic Tech survivront à l’élection de 2017 et qu’elles ne sont pas dépendantes du gouvernement actuel. La présidentielle de 2017 est l’occasion pour beaucoup d’entre-elles de se développer et de prouver leur pertinence par des actions concrètes. Par exemple, ‪Voxe.org mène le projet Hello2017 pour informer les citoyens tout au long de l’année, ‪Change.org à lancé Changez 2017 qui propose aux citoyens de faire remonter leurs idées pour la présidentielle. 2017 n’est qu’une échéance mais le mouvement est lancé pour que participation ne se résume plus seulement à l’élection.

Les présidentielles de 2017 ne sont qu'une échéance pour les CivicTech

L’un des défis pour la survie des Civic Tech est son financement. Quelques unes ont déjà trouvé leur modèle économique, mais ce n’est pas le cas de toutes. Pour garantir leur indépendance politique et financière, ces initiatives n’ont pas intérêt à vivre uniquement grâce aux subventions publiques. Aux Etats-Unis, l’écosystème Civic Tech est très développé grâce au investissements de grandes entreprises et à la philanthropie, ce qui est moins commun en France. Axelle Lemaire a choisi de marrainer le projet d’incubateur Civic Tech porté par Démocratie Ouverte et financé par des acteurs privés et para-publics, dans l’optique d’accompagner l’émergence des futures innovations démocratiques et ainsi pérenniser cet écosystème.

Selon moi, les Civic tech survivront à l’échéance présidentielle car leur champ d’application le plus naturel est la démocratie locale en France. De nombreux élus locaux se sont engagés à instaurer un nouveau rapport avec les citoyens, en mettant en plaça des budgets participatifs, des consultations sur les projets d’aménagement ou sur l’avenir de leur ville.

 

Jérôme Richez – Liberté Living Lab

Les civic tech assureront-elles la distraction de la présidentielle ? L’appétence actuelle peut le faire craindre. Pour autant, cette présidentielle et les législatives dans la foulée seront peut-être les dernières élections sans véritable rapport de force citoyen. Ce qui est pointé du doigt aujourd’hui, c’est à la fois un fonctionnement politique et médiatique.

Avec les civic tech, les citoyens deviennent non seulement porteurs de solution, ils se transforment collectivement en « médias », une des composantes essentielles à la démocratie : vérification des informations, attachement pour le fond, capacité à imposer des sujets, à faire émerger des voies progressistes, à faire dialoguer… Ces « citoyens-médias » devraient être actifs dès 2017. Quelle sera la prise de conscience collective ?

 

Valentin Chaput – DemocracyOS

Oui car beaucoup de projets civic-tech ne cherchent pas à entrer dans le jeu électoral qui obnubile le pays pendant un an, mais cherchent au contraire à accompagner la transition vers une société où toutes les décisions sont prises de manière plus collective et plus horizontale.

Florent Guignard – Le Drenche

Cela dépend de la nature de l’initiative. Je n’ai aucun doute que des initiatives comme Parlement et Citoyens, Voxe.org (présent dans 17 pays), Fluicity, Le Drenche ou d’autres survivront à 2017, car soit elles existent depuis plusieurs années ou dans plusieurs pays, soit elles ne sont pas liées à 2017.
En revanche, une partie des initiatives disparaîtra après les élections ; les primaires citoyennes, ou plus généralement toutes celles montées cette année dans le but d’influer l’élection présidentielle auront beaucoup de difficultés à se réinventer une fois cette échéance passée… mais une partie d’entre elles renaîtront 5 ans plus tard, car il y a peu de chances que les choses aient fondamentalement changé d’ici là. C’est une forme de darwinisme des initiatives qui n’est pas forcément malsaine ; à la fin, seules les initiatives qui répondent à un besoin de fond survivront, sous une forme ou sous une autre, et c’est la société qui en sortira gagnante.

 

Vincent Moncenis – DigitaleBox

L’industrie des CivicTech n’est pas née avec la présidentielle française de 2017, cette échéance contribue d’ailleurs à la notoriété et à l’adoption des civictech sans lui nuire, donc elles survivront aux élections présidentielles 2017.

Si certaines CivicTech voient la fin des élections présidentielles comme une date butoir ou la fin de leur projet, c’est qu’elles ont structurellement un problème, une absence de business model, une carence dans leur offre produit ou de service.

C’est le point faible de la scène CivicTech française jusqu’à présent, trop de structures n’ont pas encore passé le cap économique. Structuré en association, parfois dépourvu de business model, avec parfois une approche purement militante les plaçant sur une audience limitée, ces projets peuvent être rattrapés par la réalité une fois l’élection terminé.

Sans raison d’être, sans valeur ajoutée pour l’utilisateur une fois l’élection passé, il y a un vrai risque pour ces projets de disparaitre, c’est dramatique pour eux mêmes, mais c’est aussi dommageable pour la CivicTech toute entière. L’énergie nécessaire, la réalisation du projet, les financements engagés, le temps investit ne doivent pas être perdus ! Cela revient à revenir à l’an 0 pour toutes les parties prenantes du projet et cela ralentit la CivicTech française.

Tous les projets CIvicTech se doivent réfléchir à leur business model et leur pérennité, se structurer en entreprise, intégrer une vision entrepreneuriale et industrielle pour investir des bénéfices dans la recherche et développement pour continuer à developper les meilleurs produits au meilleur prix.

La santé et les performances de cet écosystème en dépendent en France. Nous ne sommes pas seuls, la scène CivicTech est globale. Si nous souhaitons exister, nous devons nous battre à armes égales avec nos concurrents étrangers. Ils sont nombreux, très avancés, très bien structurés et très bien financés, adossés à des fonds d’investissements.

Une fois ce constat fait, aidons nous les uns les autres et avançons.

 

Thomas Champion – Politizr

Difficile de répondre sans faire de civictech fiction… Les mouvements citoyens type “Nuit Debout” risquent d’être réactivés en cas de victoire de l’extrême droite. Certaines startups ou entreprises civictech fortement marquées à gauche et dépendantes d’un financement gouvernemental risquent de disparaître si elles ne pivotent pas. Et en dehors des résultats électoraux : quel avenir pour des initiatives comme laprimaire.org qui par définition devraient disparaitre après les élections ? Une transformation en “parti” politique pour les prochaines échéances électorales peut-être ? Un peu comme Ma Voix ?

Fin de la Civic Tech de gauche ?

En ce qui concerne Politizr, les élections prochaines sont un excellent moyen de faire la promotion de la plateforme mais ne sont en aucun cas une fin en soit. Nous poursuivrons notre développement après les élections présidentielles et législatives.

 

Julie de Pimodan – Fluicity

Une civic tech ne pourra avoir un réel poids que si elle est capable de reproduire le rapport de force qui existe entre les élus et les citoyens. Répondre à une commande publique est donc un non sens, puisque cela revient à créer un outil qui représente le gouvernement et non les citoyens.

 

Maxime Barbier – Bluenove / Assembl

On peut imaginer un éventuel rapprochement de certaines solutions complémentaires. Ira-t-on vers une convergence des acteurs ? En tout cas, je pense que des coopérations sont à monter entre les différents acteurs pour adresser globalement des problématiques.
Je pense aussi que de nouvelles technologies civiques sont à inventer post élection, notamment dans le suivi de programmes, dans la co-définition de nouveaux dispositifs publics, dans la mobilisation collective dans la mise en œuvre d’actions locales, dans la co-évaluation des politiques publiques…


Réflexions

Gouvernement pas si ouvert et open data non intelligible : et si la Civic Tech était vouée à l’échec ? 3/4

20 décembre 2016 • By

Ce post est le troisième d’une série de 4 billets dédiés aux impasses de la CivicTech. Cette fois nous aborderons les problématiques de démocratisation et d’utilisation de l’open data ainsi que le rôle d’un gouvernement ouvert. J’ai proposé aux acteurs de l’écosystème Civic Tech  de partager leurs visions sur les 4 grands freins qui, selon moi, entravent le développement en France des technologies civiques.

Impasses de la civic tech civictech 3/4

La France a pris cette année la présidence de l’OGP : c’est quoi un gouvernement ou une administration ouverte ? Quel est l’apport concret de l’open data pour les citoyens, comment s’en servent aujourd’hui les institutions, les politiques, les usagers, les publics et que pourraient apporter les technologies civiques à ce niveau ?

Clara Boudehen – Chargée de mission au Cabinet d’Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au Numérique

La France a pris la présidence du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert en septembre dernier pour une période d’un an. Il a pour vocation d’améliorer la qualité démocratique des pays partenaires, grâce à plus de transparence de l’action publique, de participation citoyenne et de capacité d’agir des citoyens. Ce qu’on appelle ouverture c’est cette capacité d’agir des citoyens et d’avoir un impact, dans un contexte politique et public donné (gouvernement ou administration). C’est un objectif vers lequel on tend, la France a déjà développé beaucoup d’actions dans ce sens – notamment en termes de transparence, d’ouverture des données et d’implication des citoyens aux différentes échelles de l’action publique – et il reste beaucoup à accomplir.

L’émergence des Civic Tech est conjointe à celle du gouvernement ouvert. Elles partagent cette volonté de transparence, de participation et de développement du pouvoir d’agir. Souvent elles sont les outils du gouvernement ouvert, même si c’est aux administrations de rendre transparentes leurs actions, d’ouvrir leurs données et de mettre en place des consultations de leurs administré

Comment rendre l’ouverture des données intelligible pour tous ? Les données prennent une part de plus en plus importante dans notre vie et la maîtrise que l’on a sur nos données personnelles va être un enjeu majeur dans les années à venir. L’objectif n’est pas que tout le monde sache comment ouvrir les données, ou même les analyser, mais que chacun puisse en maîtriser l’usage. On ne sait pas tous comment construire une voiture ni comment la réparer mais notre but est que l’on sache tous l’utiliser et la maîtriser.

 

Nicolas Patte – Cap Collectif

La Démocratie Ouverte est une évolution naturelle de la démocratie représentative. En démocratie ouverte, le citoyen n’est pas seulement un électeur occasionnel. Il participe activement, s’il le souhaite, à la bonne marche de la société dans toutes ses composantes : fabrication de la loi, organisation territoriale, budgets, amélioration des politiques publiques ; ceci dans un esprit de grande transparence, de co-décision et de co-construction. L’OGP, partenariat que la France préside cette année, est une association de pays souhaitant marcher dans cette direction et s’échanger de bonnes pratiques sur le sujet.

L’Open Data L’ouverture des données est simplement une composante de ce grand plan : c’est la mise à disposition systématique et publique de toutes les données de l’État (moins les données hypersensibles). Le premier bénéficiaire de cette ouverture des données est l’État lui-même, qui améliore l’efficacité de ses prises de décisions à l’aune des données (rendues) disponibles. Le traitement des données ainsi libérées est ouvert à tous : tant à l’administration qu’à la recherche, tant à entrepreneuriat qu’aux simples citoyens. Là encore, l’idée est d’utiliser l’intelligence collective à des fins d’efficacité profitant à tous, c’est la création à grande échelle d’un bien commun numérique. Ce qui, au passage, philosophiquement, permet aussi de renouveler une culture commune et locale, terrain laissé un peu en friche par le fantasme de mondialisation des idées. Et sans nulle doute que la culture est un enjeu puissant des prochaines années pour l’open data.

Les exemples d’ouverture de données sont innombrables. Pour simplifier, on peut discerner deux types de réutilisation accessible des données ouvertes dans notre quotidien : “l’information vigilante” et le “couteau suisse”.

Parmi les informateurs vigilants, nous aimons bien, globalement, ce que produit l’association Regards Citoyens, dont on connaît le travail remarquable sur l’activité des parlementaires, et qui, également, a publié Lumière sur Sunshine, une série de visualisations graphiques chiffrées sur l’activité des laboratoires pharmaceutiques. Les médias, aussi, réutilisent des données ouvertes pour mettre en forme de manière épurée et intelligible des tableaux chiffrés très (trop ?) complexes : c’est ce qu’a fait Le Monde récemment, par exemple, avec leur enquête sur l’augmentation inquiétante du cancer pour certaines tranches d’âge.

Parmi les couteaux suisses, on remarque évidemment la multiplication d’applications “utiles à tous” sur les cendres des tentatives (ou des non-tentatives) institutionnelles de partager l’information publique. Si l’application officielle Vélib fonctionne correctement aujourd’hui, c’est parce qu’elle a été mise à l’épreuve au départ par une application non-officielle basée sur les données ouvertes du service. La plateforme TrainLine (anciennement Captain Train) a connu un succès fulgurant en proposant un service d’achat de billet de train plus abouti que la SNCF avec des données ouvertes par celle-ci (un peu sous la contrainte, il faut le dire). On peut également évoquer Citymapper dont le modèle repose sur les données ouvertes des transports publics dans les grandes villes du monde. Ces exemples parcellaires issus du monde du transport participent à l’amélioration des services et biens communs accessibles à tous grâce à la réutilisation des données appartenant à tous par l’intelligence collective.

 

Partenariat pour un gouvernement ouvert France civic tech civicitech

 

Florent Guignard – Le Drenche

Je pense que la sensibilisation du public et des administrations à l’open data est un des éléments qui peut restaurer la confiance entre le grand public et les administrations. Savoir que les données sont ouvertes et vérifiable crée de la confiance. Je pense que l’open data doit également s’appliquer au journalisme et aux médias ; la confiance envers les médias est en baisse constante, et le secteur manque cruellement de transparence. Plus les données seront ouvertes, et plus cette relation de confiance pourra se (ré)établir.

 

Thomas Champion – Politizr

On a tendance a considérer que les civictech font parti d’un plus grand « ensemble » qui serait l’openGov. C’est intéressant a l’approche de l’OGP… Ceci dit, de mon point de vue, les projets civictech français concernés par les openGov et reposant sur l’openData sont peu nombreuses. Il me semble que Parlement et Citoyens et Questionnezvoselus utilisent/utilisaient les data poussées par l’assemblée nationale. Politizr exploite de manière marginale les données du Ministère de l’Interieur concernant les résultats des élections. Rien de franchement transcendant…

 

Maxime Barbier – Bluenove / Assembl

Un gouvernement ouvert c’est un gouvernement qui accepte de déléguer une partie de la conception, de la décision et de la délivrance de l’action publique. Ca va bien au-delà d’un effort de transparence dans l’action publique, ou que l’ouverture des données. C’est créer de l’empowerment de la société civile (citoyens, startup, …). L’Etat pourrait d’ailleurs se positionner pour faciliter l’incubation de nouvelles initiatives citoyennes, qu’elles soient de portée technologique ou non. C’est pour moi une nouvelle politique publique à structurer au niveau national et local.


Liens de la semaine

Les liens CivicTech de la semaine #16

8 mai 2016 • By

Chaque dimanche, retrouvez les liens Civic Tech de la semaine.

Liens CivicTech de la semaine #16 Civic Tech

 

« La révolution sera numérique » : le manifeste de John Doe, le lanceur d’alerte des « Panama papers » – Le Monde

Au sein de l’Union européenne, le registre du commerce de chaque Etat-membre devrait être librement accessible et comporter des données détaillées sur les bénéficiaires économiques finaux des sociétés. Le Royaume-Uni peut être fier de ses initiatives, mais a encore un rôle crucial à jouer en mettant fin au secret financier sur ses territoires insulaires [comme les îles Vierges britanniques, Jersey ou Guernesey], qui sont incontestablement la pierre angulaire de la corruption institutionnelle à travers le monde. Les Etats-Unis ne peuvent plus faire confiance à leurs 50 Etats pour prendre des décisions éclairées sur les données de leurs entreprises. Il est plus que temps pour le Congrès d’entrer en jeu et d’imposer la transparence en fixant des standards pour la divulgation et l’accès public à ces informations.

C’est une chose de louer les vertus de la transparence gouvernementale lors de sommets et dans les médias, mais c’en est une autre de la mettre en œuvre effectivement. C’est un secret de polichinelle qu’aux Etats-Unis, les élus passent la majorité de leur temps à lever des fonds. Le problème de l’évasion fiscale ne pourra être réglé tant que les officiels élus dépendront de l’argent des élites qui ont le plus de raisons de vouloir échapper à l’impôt. Ces pratiques politiques iniques sont arrivées à la fin d’un cycle et elles sont irréconciliables. La réforme du système déficient des financements de campagnes électorales américaines ne peut plus attendre.

Les outils du collaboratif peuvent-il changer la politique ? – 20 minutes

Car pour ces membres de la civic tech, pas question de se couper des politiques. «Tout le monde dit que le système est pourri. Mais à l’intérieur du système, beaucoup d’élus font le même constat et essayent de faire évoluer les choses», confie le fondateur de Démocratie Ouverte, Armel le Coz. Le trentenaire dit notamment vouloir fournir des «solutions aux élus».

Parmi les projets nés sur Démocratie Ouverte, le site «Parlement et Citoyens» offre à tout un chacun de co-construire une loi. 10 000 personnes ont ainsi participé à la proposition de loi sur la bio diversité. Les inscrits étaient invités à donner leurs avis sur chaque article et à apporter des sources ou des précisions supplémentaires.

 

Civic Tech : et si l’innovation vous rendait le pouvoir ? – Contrepoints

La Civic Tech regroupe l’ensemble des technologies et innovations au service de la participation citoyenne et de la démocratie ouverte. Une technologie civique dont la finalité serait de renforcer le lien démocratique entre citoyens et gouvernements, afin de permettre, tantôt d’accroître le pouvoir des citoyens sur la vie politique, tantôt de rendre un gouvernement plus accessible et plus efficient. Là encore, il convient de distinguer d’une part les initiatives gouvernementales, le plus souvent axées sur l’ouverture du gouvernement, des initiatives citoyennes, concentrées autour de la participation et de l’inclusion.

 

Voie collaborative vs démocratie représentative – L’Hémicycle

Regroupées sous le vocable encore flou de civic tech, ces initiatives citoyennes, qui incluent plates-formes participatives, crowdfunding ou encore applications mobiles, ne s’inscrivent donc pas uniquement dans une optique contestataire. Tout comme le pendant numérique du mouvement Nuit debout, elles traduisent une même reven­dication : la transformation du système pour plus d’impli­cation des citoyens dans le fonction­nement démocratique, notamment par une plus grande collaboration entre le législateur et la société civil.

L’État ne reste pas sourd à ces demandes d’ouverture citoyenne. En témoigne la mission Étalab. Fondée en 2011 et placée sous l’autorité du Premier ministre, elle administre le portail data.gouv.fr destiné à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’État, de ses établissements publics et, si elles le souhaitent, des collectivités territoriales. En outre, la France préside, depuis le 20 avril, le Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO), auquel elle a adhéré en avril 2014. Cette organisation, créée en 2011, regroupe 65 pays autour des enjeux de transparence de l’action publique et de participation de la société civile aux décisions. Le gouvernement a d’ailleurs présenté, en juillet dernier, un plan d’action numérique pour l’ouverture des données publiques aux citoyens et plus d’interaction dans la création des textes de lois. Une volonté traduite dans les faits par l’organisation, à l’automne dernier, d’une grande consultation sur le projet de loi pour une République numérique. Quelque 8 500 contributions d’internautes et près de 15 000 votes ont été enregistrés sur la plate-forme republique-numerique.fr dédiée à l’opération.

Une démarche ambitieuse sur la forme mais un fiasco sur le fond pour Benjamin Sonntag : « Les propositions des citoyens n’ont pas été retenues. Ça a viré au simulacre de démocratie direct, piloté par les défenseurs à tous crins du copyright ». Et le cofondateur de La Quadrature du Net de constater : « Beaucoup d’administrations restent encore frileuses. Les projets de coconstruction et de collaboration entre citoyens et administrations sont des processus longs à mettre en place. »« Mais, conclut-il , si ce genre de consultations n’est pas suivie d’effets, il faudra s’attendre à un retour de bâton de la part de la société civile ».

 

Gilles Babinet : « les politiques ont une façon dépassée de fabriquer le consensus » – La revue politique et parlementaire

  • Le problème est que le pays est resté très technocratique avec des débats qui sont par nature politiques et mal administrés. La classe politique actuelle ne connaît pas ou mal les enjeux du numérique et de la révolution en cours. Nos responsables politiques sont simplement restés au XXème siècle. Il faudrait qu’ils passent la main à la génération suivante ; je rappelle que nous avons l’une des plus vieille classe politique d’Europe. J’ai parfois l’impression de perdre mon temps avec eux lorsqu’au bout d’un tiers de l’entretien j’en suis encore à l’explication de texte. Je sais alors qu’il ne sortira pas grand chose de la discussion. Le dialogue avec les responsables d’autres pays européens, comme l’Estonie, la Slovénie,  les pays du Nord, ou le Royaume-Uni, sont d’un autre niveau. On passe directement aux sujets sérieux : comment donner plus de pouvoir aux citoyens ? Comment établir un cloud ouvert qui permette de conserver sa souveraineté ? etc.

  • Il faut aplanir le monde et placer le citoyen au cœur de l’Etat. Je suis pour la fabrication du consensus par le numérique, la co-construction, la collaboration. Les mouvements citoyens ont pris de l’importance, surtout dans les pays de l’Est et scandinaves, moins en France. Quoi qu’il en soit, la question d’une nouvelle gouvernance est un vrai débat.  La seule note positive vient du travail qu’a fait Axelle Lemaire : lors la concertation pour sa Loi, près de 20,000 citoyens ont participé. Le résultat est remarquable. Peu ou pas de critiques de la société civile qui s’est rangé derrière cette loi. Les seules idioties ont été réintroduites plus tard, par des parlementaires. C’est emblématique de ce qui marche et de ce qui ne marche pas.

 

Loi numérique : satisfecit réservé du Conseil national du numérique – Numerama

Établissant un « bilan mitigé » des discussions, le CNNum « s’inquiète d’un certain nombre de reculs, tant par rapport au projet de loi initial qu’au texte adopté par l’Assemblée nationale ».

« C’est le cas par exemple en matière de fouille de texte et de données (text and data mining, TDM), de portabilité, de protection des données personnelles ou encore s’agissant de la possibilité, introduite à l’Assemblée, pour des associations d’agir en justice pour défendre le domaine public », regrette l’institution. Le Conseil avait porté le texte à bout de bras depuis sa genèse, avec l’organisation d’une consultation publique inédite qui est certainement pour beaucoup dans la qualité globale des débats, remarquée par tous les bancs.

Mi-institution publique mi-lobby, le CNNum prévient que quel que soit le résultat de la CMP, il « continuera à porter ces débats au niveau européen en prévision des réformes à venir ».

 

Découvrir la #CivicTech et son impact sur les investissements IT – eMedia

Ce type de dépenses IT devraient damer le pion à celles des investissements IT traditionnels, entre 2013 et 2018, avec une croissance 14 fois plus rapide. Plateformes open data et Cloud, services mobiles, solutions de mobilité pour les fonctionnaires sont les principaux postes.

Le mouvement est aussi un booster pour la transformation digitale des gouvernements, un biais technologique pour limiter les coûts en améliorant leurs process.  Mais organiser le partage d’informations entre les différents départements et agences, de même que les services numériques aux administrés et l’expression citoyenne constituent également des challenges. Parce qu’à l’heure du digital, les attentes des citoyens sont élevées en matière de service public : accès 24h/24, par smartphone, tablette ou ordinateur, possibilité  de s’exprimer via des réseaux sociaux, des forums en ligne, mesurer l’efficacité des actions des institutions grâce à l’ouverture des données.

 

Généralisation de l’open data dans les marchés publics à horizon 2018 – Marchés publics PME

Supporté notamment par l’association Open Data France regroupant des collectivités, le mouvement en faveur de l’ouverture des données publiques se voit appuyé par le décret du 27 mars 2016 portant sur les marchés publics. En effet, l’article 107 du décret se veut structurant en ce qu’il exige des acheteurs publics qu’ils garantissent « un accès libre, direct et complet aux données essentielles ». Seules les informations « dont la divulgation serait contraire à l’ordre public » se trouvent exclues du périmètre de cet article.

 

« Sans investissement civique et politique, le repli et le rejet triompheront » – Raphaël Glucksmann revient dans Libération sur l’évolution de la relation au politique, notamment la question de l’horizontalité.

Il n’y a plus de parole a priori légitime. L’horizontalité entraîne à la fois une explosion positive de la prise de parole et le retour d’idéologies que l’on pensait bannies à tout jamais, mais qui étaient juste censurées. Il faut donc mener le combat là où les gens s’informent le plus : sur les réseaux sociaux, les blogs, les places. En septembre, face à l’afflux des réfugiés, en arguant de l’état de l’opinion pour ne pas ouvrir notre pays aux boat people du XXIe siècle, le gouvernement français l’a confirmé : le repli et le rejet de l’autre ont réellement progressé dans notre société. Or, ce n’est pas seulement la responsabilité des politiques, mais aussi celle des intellectuels, des organisations qui fondent la société civile d’essayer de comprendre où on a échoué et de repartir au combat.

 

Comment les politiques espèrent dépoussiérer les meetings de campagne – 20 minutes

Distancé dans les sondages, François Fillon jouait gros mardi soir. Le candidat à la primaire de la droite et du centre tenait un meeting à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Un meeting participatif et connecté « d’un genre nouveau », affirme son entourage. Comme lui, Bruno Le Maire ou Emmanuel Macron ont voulu dépoussiérer ce rite de campagne. Avec des méthodes parfois utilisées dans le passé.

 

Législatives partielles: des affiches-miroir à Strasbourg – BFMTV

Affiches Ma Voix législatives

Afin de « faire de la politique autrement », le collectif alsacien « Ma Voix », qui a tiré au sort son candidat pour les législatives partielles, a collé des affiches-miroir dans Strasbourg.