Présidentielles 2017 : Benoît Hamon et les CivicTech
27 mars 2017 • By François GOMBERTA quelques semaines des élections présidentielles, CivicTechno a interrogé les candidats sur leur vision des CivicTech aujourd’hui en France, leur rôle dans la campagne et la place de la tech citoyenne dans leur programme. Premier épisode avec Benoît Hamon.
CivicTechno.fr est un site apolitique dédié aux technologies civiques, l’ensemble des 11 femmes et hommes politiques prétendant à la fonction suprême de l’État ont reçu le même questionnaire et leurs réponses sont diffusées ici sans filtre ou sélection partisane.
Avez-vous le sentiment que la technologie est bien utilisée aujourd’hui dans la relation avec les citoyens ?
Le numérique change la donne, y compris en politique car il ouvre des possibilités de participation plus grandes. Nous devons nous en saisir pour faire en sorte qu’il contribue à améliorer la relation entre les citoyens et les élus. C’est un outil formidable pour renouer le dialogue dont on a tant besoin à l’heure où notre démocratie va mal. C’est un atout pour créer une société plus collaborative, c’est pour cela que je propose aux français de contribuer à l’écriture de mon programme présidentiel sur : conseilcitoyenhamon2017.fr.
De bonnes pratiques émergent, des expérimentations positives proposent une nouvelle pratique de la démocratie, portées par des personnalités politiques ou des collectivités locales ou par la société civile comme pour République numérique ou le budget participatif de Paris. La société sait se saisir du numérique pour interpeller le politique sur des sujets importants, le vrai problème à l’heure actuelle est que les institutions ne sont pas toujours conçues pour prendre en compte ces contributions citoyennes : c’est pour cela que je propose le 49.3 citoyen par exemple. Nous devons aussi aider ceux pour qui c’est moins évident de se saisir de l’outil numérique, en soutenant par exemple des associations qui accompagnent les citoyens dans cette démarche. Le numérique doit aussi être un outil de démocratisation de la participation.
Pensez-vous que l’Etat peut être moteur du changement et du renouveau démocratique en participant activement au développement des technologies civiques ?
Bien sûr, l’État a un rôle à jouer pour favoriser l’émergence de ces technologies. Pour autant, est-ce qu’il doit développer lui-même les technologies qui permettent d’améliorer la relation entre les citoyens et les élus ? Je dirais que cela dépend des usages. Certains outils Civic Tech sont plus pertinents s’ils sont développés par des associations ou des startups, ceux qui servent à interpeller les pouvoirs publics par exemple. D’autres outils, comme le site du budget participatif de la ville de Paris peuvent être développés en interne et s’adapter ainsi aux fonctionnements de l’Administration. Lors du Sommet du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert, qui s’est tenu à Paris en décembre dernier, la France a proposé une boîte à outils qui recense et facilite l’accès à des outils de participation, développés par des associations, des entreprises ou des pouvoirs publics dans le monde entier. Cela me paraît être une bonne démarche. Il faut aussi réfléchir à un modèle économique qui permette le développement de la Civic Tech.
Les Civic Tech sont-elles selon vous un terme « gadget » pour donner du sens aux consultations publiques ?
Les Civic Tech sont des outils numériques dont l’objectif est d’améliorer la démocratie, tant la participation des citoyens aux décisions publiques que l’engagement civique. Ce ne sont pas des gadgets. Par ailleurs ils doivent être utilisés avec sincérité par les élus. Si ce n’est pas le cas, je pense que les citoyens s’en rendent compte.
Il ne fait pas de doute que notre système démocratique n’est pas optimal, les citoyens n’ont pas suffisamment la possibilité de faire entendre leur voix lorsque des décisions publiques sont prises. En revanche, ce serait une erreur de réduire les Civic Tech à la consultation publique en ligne, il existe toute une palette d’outils dont les politiques et les administrations doivent se saisir pour améliorer la qualité et la pertinence de leurs décisions. Les Civic Tech peuvent améliorer la transparence de l’action publique, favoriser l’interpellation des décideurs, comparer les programmes politiques ou faciliter l’engagement bénévole. Ce qui est intéressant aussi c’est quand ils permettent de faire émerger des propositions des citoyens directement et non pas seulement prendre des avis sur des propositions des élus. Les Civic Tech s’ajoutent aux dispositifs de participation classiques, ils ne les remplacent pas. Comme je l’ai indiqué nous devons avoir une attention particulière pour certains publics moins familiers avec le numérique, pour les aider à s’en saisir. Cela peut passer par le biais d’associations qui accompagnent les habitants avec le soutien financier de l’État.
Avez-vous utilisé les Civic Tech pour une forme de co-création de programme ou votre programme prévoit il le développement des technologies dites civiques en France ?
Je propose une plateforme numérique sur laquelle les français ont fait des propositions sur de nombreux sujets. Elles seront examinées par un Conseil citoyen paritaire constitué de 40 personnes qui ont été tirées au sort parmi des volontaires. C’est la première fois qu’un candidat à l’élection présidentielle propose ce type de démarche. C’est à l’image de ce que je souhaite faire si je suis élu Président de la République : créer les conditions d’un lien plus régulier entre les élus et les citoyens pour co-élaborer des politiques publiques. Je propose également la plateforme Expressions, ouverte à toutes les initiatives de la société civile, elle est alimentée par des textes, des vidéos, des photos, des films d’animation et des infographies pour éclairer les expérimentations et projets qui construisent aujourd’hui le monde de demain. Je souhaite m’appuyer sur les outils développés par les Civic Tech et aider au développement de nouvelles applications. C’est pourquoi j’évoquais la question du développement d’un modèle économique qui leur permette de se développer. Je m’appuierai par exemple sur les outils de la Civic Tech qui permettent la co-élaboration des lois et de politiques concrètes, mais aussi pour des Conférences citoyennes sur des sujets importants et pour les e-pétitions.