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Ils font la Civic Tech

Le mouvement Civic Tech s’organise à Barcelone

8 juin 2016 • By

Civic Lab vient d’être créé à Barcelone  et vise à rassembler les acteurs de la Civic Tech ainsi que les citoyens dans le but de développer de nouveaux outils démocratiques.

CivicLab Barcelona Civic tech civictech

Vous trouverez ci-après leur présentation :

L’idée est la suivante : (re)connecter non seulement les acteurs de la CivicTech mais aussi les citoyens avec le bien public et créant un espace ouvert pour partager les savoirs, discuter, collaborer, innover, façonner ensemble la démocratie.

En permettant à chacun et chacune de pouvoir prendre la parole et exprimer ses idées, son énergie, son désir de changement… et parfois même sa frustration, nous souhaitons :

  1. ouvrir, intellectuellement et physiquement, la Civic Tech à tous et à toutes
  2. supporter les initiatives actuelles
  3. aider les nouvelles initiatives à émerger.

L’image du pont est très forte pour nous. Civic Lab est un endroit qui rassemble des entrepreneurs, politologues, développeurs, juristes, journalistes mais aussi des architectes, étudiants, urbanistes, artistes ; mais avant tout des citoyens.

Ce pont sera matérialisé en ligne à travers Facebook, Twitter, MeetUp, GitHub et hors-ligne, dans lieux innovants de Barcelone, par des conférences, présentations, hackathons, workshops, débats, incubateurs, cours de codage, et bien plus encore !

Nous croyons très sincèrement qu’en partageant le savoir et connectant les individus nous avons le pouvoir de rendre les citoyens autonomes et leur permettre de se réapproprier leurs droits fondamentaux ; ainsi, tendre vers une société collaborative, une démocratie représentative et transparente.

 

Bonne chance à Civic Lab et à bientôt à Barcelone ! 😉


Vu sur le web

Civic Hall à Paris : Anne Hidalgo ouvre la maison de l’innovation démocratique et des Civic Tech

5 juin 2016 • By

Anne Hidalgo l’a annoncé dans le JDD de ce matin : Paris va se doter d’un Civic Hall, un lieu « libre, pas sous le contrôle de la mairie ; une maison commune pour les innovateurs et les citoyens qui réfléchissent à des façons de mieux gérer notre communauté de destin ». Une ouverture prévue pour la fin de l’année 2016.

Anne-Hidalgo-et-Bill-de-Blasio-maire-de-New-York-en-mai-2014 Civic Tech Civictech

Anne Hidalgo et Bill de Blasio, maire de New York, en mai 2014. (CHARLES GUERIN/ABACA)

En savoir plus sur le Civic Hall de New York dans #LaRevueCivicTech n°17

 

Que nous apprend le JDD sur ce Civic Hall parisien : ses ambitions, son espace et son ouverture ?

« Le Civic Hall parisien sera un lieu d’innovation, de débat et de diffusion très puissant connecté à la population »

Anne Hidalgo – Maire de Paris

Ce sera un lieu « plus ouvert, davantage tourné vers les citoyens : cet endroit fonctionnera comme un incubateur, où se retrouveront de nombreux partenaires – jeunes entrepreneurs, grands acteurs de l’économie numérique, chercheurs, sociologues, étudiants… – mais aussi le public, les administrés, les élus, les associations, etc. Ce sera un lieu de rencontre, de dialogue, voire de co-construction des politiques municipales », un lieu qui implique « une profonde réorganisation de l’administration »

Emmanuel Grégoire – Maire adjoint chargé des services publics, de la modernisation de l’administration et des ressources humaines

 

Le Civic Hall sera un espace assez vaste, « plus de 1000 m2, dans un arrondissement central », pour « redonner envie aux citoyens de participer ». « Nous voulons recréer une interaction entre les décideurs et les citoyens, renouer les liens ».

Anne Hidalgo – Maire de Paris

 

 

En savoir plus sur le JDD

 


Contributions

Les français veulent plus de démocratie participative !

1 juin 2016 • By

Après un #mardigital de haut niveau organisé par Axelle Lemaire et Claude Bartolone, la CivicTech était encore une fois à l’honneur hier à Paris avec un événement organisé par la banque en ligne monabanq. Une soirée placée sous le signe de l’échange et du partage autour de la nouvelle société collaborative naissante et de la démocratie participative.

Les intervenants passionnés et dynamiques ont échangé sur leurs parcours et leurs visions du monde de demain au cours de 2 tables rondes. Une première centrée sur les CivicTech et une seconde un peu plus large sur la quête de sens des citoyens dans leur quotidien, leur travail et leurs engagements politiques.

Les français et la société collaborative

Pour démarrer la soirée une première étude sur la société collaborative a été présentée par Edmond Prin, directeur d’études chez TNS Sofres. Comme le soulignera un peu plus tard Antonin Leonard (OuiShare) c’est la première fois que l’on parle de société collaborative plutôt que simplement d’économie ou de consommation collaborative. Une terminologie qui change la donne et élargie le débat en étudiant le collaboratif dans son ensemble.

En ce qui concerne la partie démocratie participative qui nous intéresse plus particulièrement ici il y a quelques chiffres marquants qui ont retenu notre attention. Comme le décalage entre la pratique de ce type d’actions et le ressenti des français sur le manque d’attention des médias sur le sujet. Si vous voulez retrouver l’infographie en intégralité, c’est par ici.

 

Un panel CivicTech passionné et passionnant

On ne parlait en fait pas vraiment de CivicTech et d’outils ou de plateformes hier soir sur la Seine au pied de la Tour Eiffel. Ce sont bien les gens, porteurs de projets, citoyens et élus, qui étaient au centre des échanges. On retiendra le parcours initiatique d’Armel LeCoz et son tour de France des élus pendant les dernières municipales pour aller dormir chez les maires et comprendre les campagnes locales au plus près du terrain. Une expérience en forme de déclencheur pour l’engagement d’Armel dans Démocratie Ouverte et les plateformes connexes.

Puis ce fut le tour de Valentin Chaput de DemocracyOS de nous présenter son parcours et l’essence de son engagement avec l’open source et la technologie ouverte au service de la démocratie. L’histoire de DemocracyOS et son code ouvert venant d’Argentine, son équipe française qui contribue à optimiser le code et le met à disposition au monde entier. Une belle histoire de l’open source et du libre au service de la démocratie qui nous donne envie d’y croire et de foncer.

Baztille a ensuite présenté son concept, et la promesse est belle. Demain vous pourrez télécommander vos députés ! Le principe est assez simple, chaque jour une question est posée à la communauté des utilisateurs de Baztille et les citoyens donnent leur avis. En utilisant les quelques minutes ou quelques secondes à leur disposition chaque jour pour s’engager, à leur échelle, et sans contrainte de temps ou de lieu grâce au mobile. Une utopie pour certains, une réalité qui commence à grandir chez Baztille qui fonce sans se retourner pour tester, pour essayer.

Les outils c’est bien, mais ça ne suffit pas

Armel LeCoz l’a très bien rappelé pendant cette table ronde. Les plateformes ne sont que des outils au service d’une prise d’un changement de posture vis à vis de la politique.

De nouvelles méthodes doivent faciliter la reprise de pouvoir du citoyen, les CivicTech font partie de ces solutions mais il ne faut pas oublier de se connecter au terrain et aux aspirations de ces citoyens prêts à s’engager si on leur redonne confiance.

Car c’est bien par la communauté que viendra le succès de ces nouvelles formes de démocratie. On le sent déjà avec des mouvements tels que MaVoix, c’est aussi le cas chez Baztille ou DemocracyOS, les communautés commencent à grossir, et c’est bien par le passage à une nouvelle échelle en termes d’usages que ces CivicTech pourront réellement peser.

Dans cette table ronde comme dans la suivante avec des acteurs du changement comme OuiShare, Ticket For Change et Bluenove, l’optimisme est de mise : c’est par la France qu’arrivera la vague démocratique nouvelle qui permettra le changement de modèle tant attendu.

Hier soir on avait vraiment envie d’y croire.


Réflexions

Outils de stratégies électorales, CiviCRM et relation au citoyen avec les Civic Tech

11 mai 2016 • By

J’ai répondu à quelques questions à propos des des outils de stratégies électorales comme Nation Builder ou DigitaleBox mais aussi d’un outil gratuit et open source : CiviCRM. Cet entretien (disponible ci-après) a été l’occasion d’aborder la gestion de la relation au citoyen dans les collectivités et de revenir sur l’ADN des logiciels Civic Tech.  

Philippe Gallo (directeur général adjoint des Pennes-Mirabeau et enseignant à l’IMPGT), Olivier CimelièreVincent Moncenis (co-fondateur et Président de DigitaleBox) et Toni Cowan-Brown, V.P. Europe de Nation Builder ont également été interrogés, je vous recommande de les lire ici. 

 

Bonjour François. Qu’est-ce qui différencie CiviCRM des deux logiciels présentés dans l’article (NDLR : Nation Builder et DigitaleBox) ? A qui s’adresse-t-il ?

François Gombert - CivicTechno.fr CivicTech Civic Tech– François Gombert : comme NationBuilder ou DigitaleBox, CiviCRM est une solution de CRM (customer relationship management) mais cette plateforme est libre et gratuite. Une autre de ses spécificités est la possibilité de l’intégrer dans différents CMS : Drupal, WordPress ou Joomla.

CiviCRM est pensé pour accompagner les associations, les organismes à but non-lucratif ou les organisations non-gouvernementales dans leurs campagnes de lobbying et de mobilisation citoyenne. En effet, ces organisations n’ont pas forcément les moyens de se doter de logiciels propriétaires comme ceux présentés dans l’article. D’autres souhaitent, par conviction, se tourner vers du libre.

 

Quels usages peut-on imaginer dans le champ public  ?

– François Gombert : CiviCRM permet principalement de gérer les relations avec les différents publics et de les organiser avec des outils comme des newsletters, des campagnes de sensibilisation ou de mobilisation autour d’événements, de causes…

« Plutôt réservé aux associations et aux ONG »

L’utilisation de ce logiciel dans la sphère publique est plutôt réservée aux associations, ONG… De grands acteurs comme la Wikimedia Foundation, Amnesty International, ou encore l’Unesco l’utilisent déjà ou l’ont utilisé, notamment pour d’importantes opérations de collecte de financement et d’actions humanitaires.

CiviCRM - Civic Tech CivicTech

Je ne crois pas que CiviCRM soit utilisé aujourd’hui par des collectivités territoriales. On devrait d’ailleurs s’interroger sur les outils utilisés par celles-ci pour gérer leur relation avec les publics. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, un grand nombre de collectivités s’interroge encore sur l’organisation à mettre en place pour répondre efficacement aux emails envoyés par les citoyens.

« Imaginer d’autres formes d’outils relationnels pour mieux accompagner, co-construire, mobiliser, évaluer…  »

On pourrait pourtant imaginer d’autres formes d’outils relationnels pour mieux informer, mieux cibler, mieux répondre aux demandes, mieux accompagner, consulter davantage, co-construire, mobiliser, évaluer et améliorer en continu l’efficacité des dispositifs. À quand une relation au citoyen d’aussi bonne qualité que celles mises en place dans les meilleurs services consommateurs ?

Le CEO de SeeClickFix a partagé dans un post ses recettes pour un projet Civic Tech réussi. L’une des plus intéressantes : la nécessité d’une expérience du citoyen qui rivalise avec la meilleure des expériences utilisateur. Il ajoute que si les consommateurs deviennent fans des produits qui collent à leurs besoins, les usagers des services publics pourront créer cette relation avec leurs institutions pour les mêmes raisons.

C’est l’un des grands enjeux pour les collectivités : mettre en place des technologies civiques pour améliorer la gestion de la relation et de la mobilisation citoyenne. Mais attention aux recettes miracles : il ne suffira pas de 3 clics et d’un outil, il faudra repenser toute la communication publique.

CiviCRM 2 - Civic Tech CivicTech

 

Qu’est-ce que la “technologie civique” et quel ADN un logiciel doit-il avoir pour faire partie de cette nouvelle famille ?

– François Gombert : Il n’y a pas de définition officielle, mais selon la Knight Foundation qui consacrait en 2013 un rapport sur l’émergence de la Civic Tech, le secteur se veut « à la croisée de la technologie, de l’innovation, d’un gouvernement ouvert et de l’engagement du citoyen ».

De mon point de vue, l’ADN du logiciel “civique” doit lui permettre d’offrir la possibilité à un citoyen ou à un groupe d’individus de s’engager, d’influer sur les politiques publiques ou de mieux les comprendre. Cette nouvelle famille est donc assez large : des pétitions en ligne, en passant par des outils d’intelligence collective comme ceux qui ont permis de co-construire la loi numérique, ou encore un comparateur de programmes politiques comme celui de Voxe.org.

Enfin, se pose la question de l’ouverture du code : doit-on exclure les logiciels propriétaires des CivicTech ? Même si je reste persuadé de l’importance du libre et donc de l’ouverture pour les collectivités, je ne crois pas qu’on puisse exclure des solutions comme Nation Builder et DigitaleBox dans leur version collectivité, ou encore Change.org et ses audiences qui sont de véritables acteurs numériques du changement en France et dans le monde.

 


Ils font la Civic Tech

Change.org est devenu un outil incontournable pour les citoyens mais aussi pour les responsables politiques

4 mai 2016 • By

Vote d’une loi obligeant les supermarchés à distribuer leurs invendus alimentaires, démission de Agnès Saal, grâce présidentielle accordée à Jacqueline Sauvage, retravail de la loi El Khomri, sauvetage du statut des auto-entrepreneurs… La pétition semble aujourd’hui faire l’opinion.
Comment Change.org agite les français, les médias et les élus ? Décryptage avec Benjamin des Gachons, directeur de Change France, ils font la Civic Tech cette semaine.

Change.org semble avoir remis au gout du jour un vieil instrument démocratique : la pétition. Comment expliquez-vous ces incroyables mobilisations et ces résultats ?

Logo Change.org Civic Tech CivicTechChaque heure dans le monde, une pétition initiée sur notre plateforme aboutit à une victoire déclarée par un utilisateur sur la base de décisions et mesures concrètes prises par des décideurs politiques ou économiques en réponse à une pétition. Ces résultats s’expliquent par le fait que Change.org n’est pas simplement un site de pétitions en ligne mais une plateforme de production de changements : les internautes peuvent y construire des mouvements d’opinion à partir de leurs pétitions, accéder à différents outils de mobilisation et de viralisation mais aussi dialoguer avec les décideurs qui sont de plus en plus nombreux à prendre au sérieux ces mobilisations horizontales, participatives et citoyennes.

Nous avons en effet voulu renouveler ce vieil instrument de la pétition en le rendant plus accessible et plus efficace grâce à la puissance d’internet. Mais ce qui est le plus fascinant et le plus réjouissant, c’est la créativité de nos utilisateurs (parfois très jeunes) qui se saisissent des outils de notre plateforme, des réseaux sociaux mais aussi d’expressions plus traditionnelles de mobilisation (comme les manifestations) pour inventer de nouvelles formes d’expression citoyenne mêlant le online et le offline, comme on l’a vu dans le succès de la mobilisation #LoiTravailNonMerci.

Pour que ces bonnes pratiques développées par nos utilisateurs bénéficient au plus grand nombre, nous mettons d’ailleurs en ligne dans les prochains jours un “guide du lobbying citoyen” mettant en avant de manière didactique les ressorts d’une mobilisation citoyenne réussie. Sur le modèle des formations au crowdfunding dispensées par les sites de financement participatif, notre ambition est de former toujours plus de citoyens au crowdcampaigning, à ces mobilisations citoyennes participatives dont l’impact va croissant.

 

Un des grands enjeux des différentes solutions dites « Civic Tech » est de toucher une large audience et d’arriver à engager les publics. Quelle est l’audience française de Change.org ? Quelle est votre stratégie pour ré-engager les citoyens dans le débat public ? 

On compte aujourd’hui 140 millions d’utilisateurs actifs dans le monde dont plus de 7 millions en France. Avec plus de 3 millions de nouveaux utilisateurs par mois dans le monde, Change.org connaît une croissance exponentielle qui traduit une envie d’agir des citoyens et leur souhait d’accéder à des outils simples et efficaces leur permettant de s’exprimer et de rallier des gens aux causes qui leur tiennent à cœur. C’est selon moi cette accessibilité, cette ouverture et cette neutralité qui expliquent le succès de notre site. Ce qui nous différencie des autres sites, c’est aussi la possibilité pour chacun d’y construire de véritables mouvements (communication avec les signataires via un système de mises à jour) et celle de dialoguer avec les décideurs (possibilité pour des élus et des entreprises de répondre aux pétitions via leurs Profils vérifiés).

 Profil vérifié de la Ministre Najat Vallaud-Belkacem

Profil vérifié de la Ministre Najat Vallaud-Belkacem

Tous ces aspects poussent de nombreux citoyens à venir s’engager régulièrement sur notre plateforme, et il faut dire que les sujets et les causes ne manquent pas, tant au niveau local, régional que national. Face à cette envie d’agir, on est en quelque sorte devenu le média de l’engagement, l’outil d’expression citoyenne de proximité.

 

Mexico mène actuellement une incroyable expérience démocratique en proposant à ses 9 millions d’habitants de co-construire une nouvelle constitution via Change.org. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérimentation ? 

C’est en effet tout à fait incroyable et cela montre que notre plateforme est devenu un outil incontournable pour les citoyens mais aussi pour les responsables politiques qui ont l’intuition de la puissance du numérique pour inventer de nouvelles relations citoyens/représentants.

Change.org est devenu un outil incontournable pour les citoyens mais aussi pour les responsables politiques

De quoi s’agit-il ? Nous avons lancé sur Change.org une fonctionnalité baptisée “Page mouvement” permettant à toute entité (association, collectif, institution) de fédérer des mobilisations individuelles portant sur un objectif commun. Pour la ville de Mexico, cette fonctionnalité répondait parfaitement à leur besoin d’une solution technique permettant d’organiser une consultation à grande échelle, intégrant la viralité des réseaux sociaux et permettant la participation la plus large, pour écrire leur nouvelle constitution. Ainsi, cette page mouvement rassemble à l’heure actuelle plus de 260 pétitions qui sont autant de propositions concrètes que la ville peut prendre en compte sur la base d’un seuil fixé à 10.000 signatures.

Mouvement · Voces ciudadanas en la nueva Constitución de la CDMX

Cet outil est ouvert à tous et il est donc probable que l’exemple de Mexico crée un précédent. Chaque collectivité souhaitant organiser une consultation de ce type peut très facilement mettre en place une solution similaire en contactant l’équipe de Change.org.

 

Pourrait-on imaginer que, demain, Change.org devienne le parlement des citoyens et qu’à partir d’un certain niveau de participation, les propositions citoyennes basculent dans un autre parlement : l’Assemblée nationale ?

Pourquoi pas ? La route sera longue en France où les résistances sont parfois plus fortes que dans des pays comme l’Allemagne déjà dotés de puissants outils participatifs. Mais de fait, comme on l’a vu avec l’adoption de la loi contre le gaspillage alimentaire largement impulsée par la pétition initiée sur Change.org, les propositions citoyennes basculent déjà dans l’Assemblée nationale. Il est à mon avis aussi intéressant de voir que des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui sont dotées d’un droit de pétition légalement reconnu, réfléchissent à intégrer la puissance des pétitions en ligne pour faire fonctionner ce droit, et ont souhaité consulter Change.org sur ce point il y a quelques semaines.

Conseil Economique Social et Environnemental - CivicTech Civic Tech

 

Pour finir, estimez-vous faire partie d’un mouvement, d’une communauté Civic Tech ? Quelles sont, selon vous, les perspectives de ce secteur en France et à l’international ?

Je crois beaucoup à la notion d’écosystème et en tant que plateforme ouverte, c’est dans l’ADN de Change.org de participer à l’émergence de nouvelles tendances. En ce sens, on se rallie avec enthousiasme sous la bannière Civic Tech qui recouvre des initiatives très diverses mais qui ont pour point commun l’idée de mettre l’innovation technologique au service d’une expérience démocratique renouvelée.

À un an de la présidentielle, il y a en France un fourmillement d’initiatives estampillées Civic Tech qui est très stimulant et qui prolonge le développement du secteur en cours un peu partout dans le monde. Mais comme on l’a vu dans d’autres secteurs d’innovation technologique, il y aura à mon avis besoin d’une reconnaissance forte de la part de la puissance publique pour que le secteur Civic Tech gagne encore plus en visibilité et en audience. Le sommet du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert présidé cette année par la France, qui aura lieu en décembre prochain à Paris, est l’occasion de donner ce coup de projecteur attendu, et d’impulser de nouvelles initiatives et des partenariats entre institutions, gouvernements, élus et acteurs Civic Tech.

 


Ils font la Civic Tech

DigitaleBox veut ouvrir l’activisme digital au plus grand nombre

28 avril 2016 • By

On parle de plus en plus des outils de mobilisation et d’organisations de communautés pour les campagnes politiques en ligne et notamment de Nation Builder qui est utilisé par Alain Juppé, Jean-Luc Mélenchon ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Il existe également un outil français, moins connu : DigitaleBox. Découvrez l’interview de son fondateur, Vincent Moncenis.

Logo DigitaleBox

En quoi DigitaleBox peut-il être utile aux politiques, aux institutions et aux citoyens ?

Notre mission est de démocratiser les systèmes d’organisation de communautés, de donner accès à la technologie au plus grand nombre, qu’il s’agisse d’une ONG, d’un candidat à une élection locale, d’une entreprise ou d’une administration, indifféremment de leurs budgets de campagne.
DigitaleBox est, avant tout, un outil de mobilisation : il va permettre à un élu de communiquer sur son action politique sur le terrain et en assemblée tout au long de son mandat, mais aussi pendant la campagne électorale.

La plateforme devient la base de données du site, des réseaux sociaux de l’utilisateur et de ses bénévoles sur le terrain, chaque nouveau contact est synchronisé automatiquement dans la base de données.
Notre solution est différente de ses concurrents américains car elle a été construite pour le cadre français d’un point de vue culturel mais aussi du point de vue de la gestion des données. Toutes les données de nos utilisateurs sont hébergées en France. Nous suivons au plus près les recommandations de la CNIL et avons été audité récemment. La puissance publique suit ces évolutions de très près.

L’autre différence majeure est que nous n’imposons pas un format de site web, les clients sont libres de développer sur la plateforme (CMS) de leur choix.
Nous avons estimé que DigitaleBox ne présenterait pas de valeur ajoutée et ne serait qu’une charge financière inutile pour les utilisateurs sans cette ouverture : wordpress héberge 30% du web mondial, les plugins de référencement y sont gratuits, les templates aussi ou très peu cher, un client peut donc créer son site web lui-même pour un usage simple ou le faire réaliser par une agence de son choix.
DigitaleBox permet de mobiliser les citoyens sur un sujet d’actualité ou un enjeu électoral, un activisme digital désormais accessible à tous : associations, groupes de citoyens, candidat indépendant, ou élus sont libres de s’emparer de cet outil de nouvelle génération.

Pour les institutions, l’enjeu n’est pas électoral, la version « entreprises et administrations » de DigitaleBox leur permet de communiquer avec les administrés dans le cadre de leur mission de communication publique. Les institutions et collectivités sont elles aussi détentrices d’un grand nombre de données pas toujours utilisées, il s’agit là d’un nouveau champ d’exploration pour les acteurs de la communication publique, pour toujours mieux informer les citoyens sur les services publics.

Quelles données sont collectées par votre plateforme de stratégie électorale et comment peuvent-elles être exploitées ?

DigitaleBox devient la base de données du site web, des réseaux sociaux et des militants d’un utilisateur, toutes ces données sont donc synchronisées automatiquement dans sa base. Ils peuvent également y ajouter des fichiers déjà en leur possession ainsi que les listes électorales.
L’objectif est de reconstituer pour chaque contact, un profil le plus complet possible, en fonction des données disponibles au fil du temps, l’adresse, les comptes sociaux, les centres d’intérêts.

Les utilisateurs sont propriétaires de leurs données qu’ils peuvent exporter en totalité quand bon leur semble ou écraser complètement si ils suppriment leur compte. Nous avons à cœur de diffuser des bonnes pratiques à nos utilisateurs et travaillons dans ce sens avec la CNIL pour que nos utilisateurs soient le mieux informe possible.

Comment des associations ou des entreprises peuvent-elles utiliser votre logiciel de gestion des réseaux sociaux et d’organisation de communautés ?

DigitaleBox représente une opportunité de transformation majeure pour les associations ! Très longtemps, elles ont été tenues à l’écart de l’innovation pour des raisons financières : seules les associations les mieux financées avaient accès à ces outils innovants.
Digitaliser la collecte du don, identifier une nouvelle génération de bénévoles et donateurs, les mobiliser pour mettre leurs causes sur le devant de la scène… Les enjeux sont nombreux pour elles !

Quant aux entreprises ayant investi les réseaux sociaux et adopté une stratégie digitale, elles doivent maintenant pouvoir capitaliser sur les efforts produits.  Aujourd’hui, nous leur proposons d’identifier de nouveaux contacts pertinents, ayant un centre d’intérêt commun avec l’univers de leurs marques. Il ne s’agit plus pour elles d’accumuler les likes et les followers en quantité industrielle sans distinction, il s’agit d’exploiter les données disponibles, de mieux connaitre une communauté de fans de leurs marques et produits.

 


Estimez-vous faire partie d’un mouvement, d’une communauté Civic Tech ? Quelles sont, selon vous, les perspectives de ce secteur en France et à l’international ?

Oui nous estimons faire partie de la communauté Civic Tech. Je vais même plus loin : DigitaleBox est une startup « CivicTech », cela est inscrit dans son ADN.
Le secteur de la CivicTech s’organise en France, il est déjà plus mature à l’étranger notamment aux Etats Unis où il s’appuie sur un éco-système complet, il ne manque aucun maillon de la chaîne : écoles, ingénieurs, créatifs, entrepreneurs, incubateurs, acteurs traditionnels en pleine transformation digitale ainsi que des business angels à l’image de Sean Parker (Facebook) ou des fonds d’investissement comme  Omydiard Network (eBay) qui réinvestissent leurs gains dans des startups américaines de la CivicTech.

L’Europe n’est pas en reste, au Royaume-Uni notamment, où les acteurs traditionnels tels que WPP (le Publicis anglais) ont investi dans les CivicTech. En France, les jeunes pousses s’organisent. Nous sommes dans une très bonne période, beaucoup d’initiatives apparaissent : l’installation du Lab Liberté en QG de la CivicTech française incarne cette dynamique.

Chez DigitaleBox nous aurons à cœur de participer à toutes les initiatives permettant de fédérer l’écosystème. Nous avons désormais notre média avec le blog CivicTech que vous avez lancé.

À quand une association de la CivicTech ? J’offre les statuts de l’association loi 1901 aux plus entreprenants. À bon entendeur !


Ils font la Civic Tech

Mettre les citoyens à la fabrique des décisions politiques : interview de DemocracyOS France

15 avril 2016 • By

DemocracyOS a pour ambition de transformer le rapport des citoyens à la politique, à l’heure où internet a changé presque tous les aspects de notre vie quotidienne… sauf le fonctionnement de nos démocraties. Inventée en 2012 par des développeurs et politologues en Argentine, elle est reprise dans le monde: Mexique, États-Unis, Espagne… et désormais en France.

Depuis, la solution fait parler d’elle dans les médias français et en ligne, c’est d’ailleurs une des initiatives Civic Tech qui est la plus citée dans les interviews publiées sur ce CivicTechno. Retour sur l’arrivée de de la plateforme dans l’hexagone avec cette interview de l’équipe française de DemocracyOS, ils font la Civic Tech cette semaine.

Logo DemocracyOS France

Comment ce projet est-il arrivé sur le territoire français ? Pourquoi selon vous, la plateforme intéresse plus que d’autres acteurs ? 

DemocracyOS intéresse parce que c’est une belle histoire en plus d’être une bonne plateforme. Tout a commencé en Argentine avec une équipe désireuse de transformer le rapport des citoyens à la politique. Ils ont fondé le Partido de la Red et la plateforme DemocracyOS, avec en tête un projet assez proche de ce que cherche à réaliser #MaVoix aujourd’hui : permettre aux citoyens de reprendre leur place à la table des décisions. Puis la renommée de DemocracyOS a dépassé les frontières argentines grâce à la conférence TED de Pia Mancini en 2014 et la sélection au prestigieux Y Combinator. La plateforme étant très facilement réplicable, elle a été traduite et utilisée à travers le monde, par le gouvernement mexicain, par des activistes tunisiens pour travailler sur une révision constitutionnelle, par la coalition dont faisait partie Podemos à Barcelone.

 

Et puis en France, avec notre association qui existe depuis déjà un an. Cela paraît peu, mais quand nous avons lancé le meetup Open Source Politics au printemps 2015, il n’y avait que quelques initiatives réellement civictech en France, notamment Regards citoyens et Voxe.org. Depuis, c’est l’ébullition, et ce site en est une illustration. Enfin, dernier facteur important, nous sommes l’une des rares plateformes de débat et de vote à faire le choix de l’open source. Pour nous, l’opengov est avant tout une démarche de transparence il est donc absolument essentiel que les consultations citoyennes ne se passent pas sur des plateformes propriétaires dont le code est par définition fermé et non consultable par les citoyens.

Vous vous attendiez à ce que des députés votent une loi de « modernisation » de l’élection présidentielle qui vise à verrouiller un peu plus le système en place ?

On ne s’y attendait pas car cela va à l’encontre de ce que nous voyons autour de nous dans la sphère de l’innovation citoyenne qui veut justement ouvrir le champ de la représentation au-delà des partis politiques traditionnels. Que ce soit volontaire ou non, cela démontre encore le décalage entre des élus installés depuis des années dans des carrières politiques professionnelles et l’insatisfaction d’une très large majorité de Français.

Concrètement, comment fonctionne la plateforme ?

Contactez-nous ! DemocracyOS est une plateforme open source, donc son code est disponible sur Github et vous pouvez directement et gratuitement déployer votre propre instance. Nous améliorons régulièrement la documentation pour vous aider à utiliser l’outil. Nous pouvons évidemment apporter un support supplémentaire pour aider quelques projets porteurs auxquels nous croyons. Enfin, si votre collectivité souhaite que nous adaptions la plateforme à ses besoins ou que nous créions des fonctionnalités supplémentaires, nous pouvons convenir d’une convention pour financer ces développements. C’est ce que nous avons fait avec les mairies de Nanterre et Paris.

Vous écrivez dans votre manifeste « qu’il est temps d’utiliser cet outil (…) pour une démocratie plus ouverte, de remettre sur la table la promesse qui est celle de Notre République : le gouvernement de tous, par tous et pour tous. » Comment comptez vous mettre DemocracyOS entre les mains des citoyens, des politiques et des institutions ?

Avec un an de recul, nous avons compris qu’un temps était nécessaire pour se familiariser avec les outils avant de se servir de tout leur potentiel. En 2015, nous avons lancé plusieurs débats test sur des sujets d’actualité comme le projet de loi renseignement et sur la COP 21. Cette année, nous avons un partenariat avec la ville de Nanterre pour rendre accessible en ligne un maximum de consultations publiques et nous avons expérimenté une restitution de mandat en ligne avec la mairie de la Paris. Nous voulons continuer à développer ces usages. Nous savons que les jeunes urbains diplômés y ont plus facilement accès que le reste de la population à l’heure actuelle. Il est essentiel que l’Etat et les collectivités territoriales nous aident à toucher les publics les plus défavorisés et les moins connectés en investissant dans des consultations grand public et en soutenant l’écosystème civictech.

Retrouvez le bilan d’activité de DemocracyOS France pour ce début d’année ici 

Réflexions

Demain, un « chat » avec des bots d’élus et d’institutions

13 avril 2016 • By

L’annonce de l’arrivée des bots sur Facebook Messenger (900 millions d’utilisateurs) mobilise déjà les médias, les entreprises et les marques, qui cherchent à toucher l’énorme audience du réseau social tout en utilisant la messagerie instantanée, outil incontournable aujourd’hui.

Bots de messagerie instantanées pour les villes, mairies, régions, départements, élus, partis politiques - Civic Tech CivicTech

Et si les élus, les institutions, les civic start-ups devaient eux aussi s’intéresser de près à ces bots et à l’audience de grands réseaux sociaux ou messageries instantanées ?
Et si la réussite des Civic Tech, qui visent à « rendre le gouvernement plus accessible, efficient et efficace », passait aussi par Facebook, What’s App, We Chat, et les autres ? Ces plateformes permettent aujourd’hui de créer et d’alimenter les relations personnelles et commerciales (service clientèle, promotion, animation de communauté…), elles  réunissent également les conditions pour gérer la relation au citoyen.

Finies la recherche traditionnelle en ligne et les applications

Après Microsoft et son Bot Framework, c’est au tour de Facebook de se lancer dans l’aventure des « bots », ces robots de messagerie qui pourront, comme ceux de Uber, CNN ou KLM,  répondre à nos demandes directement via Facebook Messenger.

Nos usages sont devenus profondément mobiles et vraiment focalisés sur les plateformes de messagerie instantanées. Il faut donc repenser la relation en ligne et les interfaces traditionnelles. Les internautes sont en attente de services plus efficaces, qui donnent une information immédiate et personnalisée.

En France, Voyages-Sncf est déjà sur les rangs et serait un des premiers partenaires français du réseau social de Mark Zuckerberg.

La botification : prochaine révolution de la relation au citoyen et des Civic Tech 

Et si demain, cette technologie était mise au service de la transparence démocratique ? Demain, tout un chacun pourrait facilement, en mobilité ou non, depuis sa messagerie instantanée ou son réseau social :

  • Interroger le bot de son député sur sa présence à l’Assemblée nationale, ses votes, ses interventions et contributions…  et donner son avis sur les décisions à prendre par l’élu ou sur son mandat.
  • Demander au bot de l’Assemblée nationale ou du Sénat des informations sur leur fonctionnement,  sur les travaux parlementaires en cours, sur les textes votés, sur les séances…
  • Comparer les programmes politiques en interrogeant le bot de Voxe, mieux comprendre les questions au Gouvernement en interrogeant celui de Accropolis,  donner son avis en tant que membre du collectif #MaVoix, …
  • Participer à des consultations, se renseigner sur l’avancée d’un projet ou de travaux…
  • Signaler un problème sur la voie publique, proposer des améliorations.
  • S’informer sur l’actualité de sa mairie, son département, sa région ou sur les aides, subventions et appels à projets.

Les nouvelles possibilités offertes par ces robots de messageries mobiles sont une excellente opportunité de valoriser auprès du plus grand nombre les données open data, d’installer plus de transparence pour les élus et d’impliquer davantage les citoyens dans le processus démocratique.

 


Contributions

Démocratiser le lobbying citoyen par le volontariat de compétences

11 avril 2016 • By

Demain, tous (good) lobbyistes ? - Civic Tech CivicTech

Que se passerait-il si les organisations de la société civile avaient la même expertise et les mêmes talents à leur disposition que les entreprises ? Que se passerait-il si toutes les parties intéressées par le processus politique y accédaient et y étaient représentées de façon égale ? Que se passerait-il si les entreprises et les ONGs pouvaient – par moments – s’associer dans la poursuite de l’intérêt général ?

Aussi hypothétiques qu’ils puissent paraître, nous croyons que si ces scénarios devenaient réalité, nous nous en porterions tous mieux. C’est en tous les cas la conviction sous-jacente au lancement de The Good Lobby, une équipe de pointe composée d’individus inspirés et inspirant ainsi que d’organisations prêtes à partager leurs talents, leur expertise and leur énergie pour faire du lobby de façon active dans l’intérêt général.

Le manque de responsabilisation civique

Bien que cela semble banal, pour beaucoup les Etats et administrations nationales, et encore plus l’Union européenne apparaîssent comme étant insuffisamment inclusives, insuffisamment transparente et trop distante de ses citoyens. Alors que les politiques publiques affectent de plus en plus notre quotidien, nous restons distants et désengagés du processus décisionnel tant national qu’européen.

Les connaissances sur l’UE sont modestes : 63% des citoyens ont peu voire aucune connaissance de leurs droits issus du droit européen et l’engagement est limité (tel qu’en atteste le faible taux de participation aux élections européennes).

En attendant, on estime à environ 30,000 le nombre de lobbyistes corporatifs opérant à Bruxelles, dominant le processus décisionnel européen. Bien que les ONGs aient été de plus en plus intégrées au sein du processus décisionnel européen (il y a aux environs de 1,500 ONGs inscrites au Transparency Register), elles sont typiquement en manque de personnel et, en raison de leur orientation pan-européenne, ont des difficultés à se connecter aux citoyens. En bref, elles sont toutes mal équipées pour représenter effectivement les intérêts de plus de 500 millions de citoyens européens sur des problèmes tels que les droits des consommateurs, la justice climatique ou encore l’égalité des genres.

Par conséquent, un manque de responsabilisation civique apparait. Le pouvoir politique est de plus en plus distribué de façon inégale dans ce qu’on a appelé la bataille de David contre Goliath entre les intérêts privés et l’intérêt général.

La question clé est : les citoyens peuvent-ils faire quelque chose pour changer cette dynamique?

Du volontariat de compétences comme lobbying citoyen

En Europe, comme partout, il existe une idée fausse selon laquelle il n’existerait que deux options pour faire la différence dans nos communautés, à savoir voter aux élections ou y être candidat. Il existe en réalité une troisième voie, moins connue, pour avoir un impact : le lobbying. Grâce à la révolution de l’information, à la technologie et à l’émergence de la philosophie du ‘do-it yourself’, le lobbying n’est plus une prérogative exclusivement réservée à des groupes fortunés aux nombres de membres et aux soutiens politiques incalculables, mais est devenu une pratique à la portée de tous. A la différence de la démocratie représentative, le lobbying fonctionne. Demandez aux grosses sociétés et organisations de la société civile qui en font régulièrement ! Le lobbying citoyen pourrait impliquer aussi bien des actions individuelles, telles qu’écrire aux autorités ou poster une opinion provocante sur un blog en ligne, que des actions collaboratives, telles que lorsque des volontaires aux diverses compétences, des juristes, des académiques ou d’autres professionnels, aident une ONG travaillant dans l’intérêt général. Que vous travailliez pour une ONG ou dans le secteur privé, que vous soyez un(e) jeune étudiant(e) ou un(e) professionnel(le) expérimenté(e), nous pouvons TOUS jouer un rôle dans le lobbying pour la bonne cause (lobbying for good). Nous sommes convaincus que le « volontariat de compétences » est une forme de lobbying citoyen au potentiel majeur.

Que vous l’appeliez du volontariat pro-bono, de compétences, 2.0 ou encore du « partage de compétences », l’idée que des étudiants, des académiques et des professionnels (jeunes et âgés) puissent user de leurs compétences, sur base volontaire, pour améliorer leurs sociétés n’est pas nouvelle. Aujourd’hui, il devient apparent que non seulement les élites, mais tous les professionnels et individus éduqués, indépendamment de leur bagage socio-économique, peuvent et souvent veulent trouver des moyens d’user de leurs compétences pour aider leurs communautés (particulièrement la jeunesse européenne qui de plus en plus manquent d’un sentiment de pouvoir ou d’habilité à avoir un impact dans le monde). L’accomplissement d’études et l’accumulation de compétences ne sont plus des chasses gardées des plus privilégiés de notre société. Dans l’Union européenne d’aujourd’hui, dans la tranche d’âges allant de 30 à 34 ans, 30% des hommes et 40% des femmes ont un diplôme de l’enseignement supérieur. Dans certains Etats membres, ces chiffres dépassent les 50% voire parfois les 60%. Cela ne prend même pas encore en considération les personnes qui suivent un enseignement de qualification professionnelle (en d’autres termes, l’enseignement vocationnel et appliqué).

La majorité des gens en Europe possèdent aujourd’hui des compétences socialement et économiquement précieuses d’un type ou d’un autre.

Un mouvement global

Lobbying citoyenPartout dans le monde, des juristes, des créateurs graphiques, des spécialistes en communication, des comptables, des étudiants en administration des affaires tout comme des menuisiers, des plombiers, des commerçants et bien d’autres encore, consacrent une partie de leur temps à aider bénévolement des associations sans but lucratif à travailler pour des causes sociales importantes. Le volontariat peut se matérialiser sous de multiples formes comme par exemple la rédaction d’un business plan, celle d’un communiqué de presse ou la coordination d’une campagne sur les réseaux sociaux. La clé est d’orienter les compétences et les talents des individus vers des causes auxquelles ils croient.

Aux Etats-Unis, le mouvement de volontariat de compétences est en plein essor grâce à des organisations pionnières telles que la Taproot Foundation (rendant le talent entrepreneurial disponible aux organisations sans but lucratif travaillant à l’amélioration de la société), Pro Bono Net et Appleseed (permettant à des juristes d’à la fois offrir leurs compétences juridiques à des individus en besoin de conseils et de travailler sur des initiatives larges et systémiques de justice sociale), Datakind (engageant des experts en science des données sur des projets relatifs à des problèmes humanitaires sévères) et St. Bernard Project (recrutant des commerçants pour reconstruire les maisons de victimes de désastres). Nous avons même observé des entreprises désireuses d’orienter leurs départements des affaires publiques vers du « lobbying for good ».

En Europe, le mouvement est peut-être plus disparate mais il prend de l’ampleur rapidement. Dans le domaine juridique, PILnet a été pionnier, mettant en lien des juristes des quatre coins du continent avec des organisations sans but lucratif en besoin de soutien juridique. Des organisations nationales fournissant un service similaire ont émergé telles que aadh en France ou encore Centrum Pro Bono en Pologne. Au-delà du droit, des organisations visant à permettre de toutes les manières possibles des professionnels des affaires et des académiques à faire du volontariat sur base de leurs compétences apparaissent en Allemagne (Proboneo), en Espagne (Fundación Hazloposible), en France (pro bono lab) et en Pologne (Fundacja Dobra Sieć). Aux Pays-Bas, un projet alors hautement innovant avait déjà été lancé en 1996: Beursvloer. Il s’agit d’un « marché » annuel (ou d’une bourse) où les sociétés, les organisations de volontariat et les autorités locales peuvent se rencontrer et construire des partenariats, alignant leur offre et leur demande.

L’action civique sur base de ses compétences et la démocratie dans l’Union européenne

Le lien qu’il reste à faire est d’explicitement joindre le volontariat de compétences à la démocratie. The Good Lobby veut faire ce lien en agissant, dans la sphère politique européenne, comme un catalyseur à forger des partenariats atypiques pour faire du lobby dans l’intérêt général. En permettant à chacun, qu’elle ou qu’il soit étudiant(e), académique, juriste ou de toute autre profession, de fournir de l’assistance aux ONGs travaillant pour d’importantes causes sociétales, The Good Lobby a l’intention de révéler le potentiel qui sommeille en chacune et chacun d’entre nous de contribuer à une représentation plus égalitaire des intérêts dans le processus décisionnel.

Il ne s’agit pas de parler de « bon » vs. « mauvais » lobbying. Il s’agit d’intégrer les citoyens au cœur des plus importantes décisions affectant leurs vies, s’assurant ainsi que chacune et chacun puisse s’asseoir autour de la table et avoir son mot à dire.

Lobbying par les citoyens pour les citoyens

The Good Lobby croit en cette simple équation. Les ONGs travaillant dans la sphère européenne doivent s’atteler à certains des plus grands défis économiques et sociaux auxquels notre société doit faire face (les migrations massives, les inégalités économiques et sociales, les dégradations environnementales, la promotion de la santé publique et la protection de la vie privée). Elles sont pourtant souvent en manque de personnel et insuffisamment connectées aux citoyens. Pendant ce temps, partout en Europe, il y a des étudiants, des professionnels et des académiques passionnés par toute une série de causes sociales et qui ne demandent qu’à bénévolement mettre leurs talents et leurs compétences au service de ces causes.

The Good Lobby vise à fournir à toutes ces personnes, ainsi qu’à leurs employeurs, des opportunités utiles de volontariat de compétences… des opportunités de s’impliquer bien au-delà des formes traditionnelles d’engagement, telles que seraient un don occasionnel ou la signature d’une pétition.

En rassemblant tous ces acteurs, une forme embryonnaire et innovante de démocratie européenne pourrait timidement voir le jour. C’est notre mission à The Good Lobby, mais nous devons en faire une réalité.

Alberto Alemanno, co-fondateur de The Good Lobby

 


Ils font la Civic Tech

Des députés tirés au sort à l’Assemblée nationale avec Ma Voix ?

25 mars 2016 • By

Le collectif Ma Voix a pour ambition de « hacker » l’Assemblée Nationale en faisant élire des citoyens volontaires, formés et tirés au sort. Cette expérience démocratique inédite est programmée pour les législatives de juin 2017 mais l’agenda politique leur offre une première tentative à l’occasion de la législative partielle de Strasbourg qui se tiendra au printemps.

#MaVoix

J’ai proposé à Quitterie de Villepin qui est notamment à l’origine du projet, de le présenter dans une interview. Elle m’a répondu que le collectif ne veut pas entretenir le phénomène de « personnification » et que c’est pour ça qu’ils ne donnaient pas d’interview aux médias traditionnels malgré de nombreuses sollicitations.

Elle m’a donc proposé de réaliser une entretien d’un genre nouveau, leur première interview collective. Au final, 22 volontaires ont pris le temps de répondre à mes questions. Merci à Toan, Valentin, Hugo, Guits, Hervé, Didier, Cat, Mélanie, Bruno, Arnaud, Marie, Jeff, Quitterie, Sly et les autres. Ils font la Civic Tech cette semaine.

Élire des parlementaires issus du processus de sélection électoral que l’on connaît sous la Ve République, c’est dépassé et non représentatif du peuple, selon vous ? En quoi ?

L’élection présidentielle est concomitante de celle des députés. Il n’y a plus de distinction entre les pouvoirs et, comme on le constate de plus en plus, le parlement est devenu le scribe de l’exécutif. De plus, les députés adhérents à un parti ne représentent en fait qu’un très faible pourcentage de la population.

Les limites de la sélection de représentants par l’élection, telle que définie aujourd’hui, sont le non renouvellement des charges politiques, l’absence de possibilité de contrôle, de révocation si les promesses sont trahies et l’abandon complet des citoyens du gouvernement de leur Etat. On élit toujours les personnalités les plus médiatisées et celles qui ont investie le plus dans leur campagne, ce qui entraîne la formation d’une caste politique et par définition un manque de représentativité de nos élus. C’est dépassé, car aujourd’hui il y a une vraie envie de démocratie, de croissance du devoir citoyen, on ne veut plus donner tout les 5 ans des chèques en blanc.

Les députés sont maintenant considérés comme appartenant à une élite, éloignées des considérations des électeurs, et accrochés à leur siège plutôt qu’à leurs électeurs. Ils deviennent des professionnels de la politique avec une carrière à préserver, donc des votes à privilégier

Le processus de sélection actuel des candidats repose sur des partis politiques dont la forme est dépassée (réflexion externalisée dans les think-tanks, réseaux militants limités aux élus et collaborateurs, faible prise en compte des transformations du monde, concentration des enjeux autour des personnes et des carrières politiques professionnelles…). C’est ce processus là que nous voulons changer grâce aux formations, aux plateformes numériques et au tirage au sort.

Ce modèle a été construit dans un autre contexte historique, à une époque où il n’y avait pas internet, pas les mêmes modes de circulation de l’information, pas les mêmes types d’engagements des individus, etc.

En quoi les politiques actuels ne seraient plus les représentants du peuple ?

Dès le départ, l’idée de représentation est tronquée, c’est l’idéologie sous la bannière de laquelle s’est ralliée à un moment donné une majorité d’électeurs qui est représentée. L’abstention, le vote blanc ne sont pas pris en compte dans le comptage des suffrages, pourtant les citoyens qui choisissent cette voie délivrent un message, qui est souvent laissé de côté, et cette partie du peuple représente plus de 50% des inscrits sur les listes aujourd’hui.

Leurs choix et leurs actions sont souvent très éloignés de leur programme sur lequel nous les élisons, et nous n’avons que très peu de moyens de les interpeller en cours de mandats pour leur indiquer nos positions, nos souhaits et nos choix précis, loi par loi par exemple. Personnellement j’ai l’impression de faire un chèque en blanc et je n’aime pas ça !

Les députés devraient voter en leur âme et conscience, mais en réalité ils votent plutôt en fonction des consignes de leur parti. Dans les deux cas, ils ne demandent jamais ce que pensent les électeurs sur chaque sujet, sur chaque loi. Seul, Frédéric Lefebvre, député des français de l’étranger qui essaie les pétitions pour connaître l’avis des français.

Vous dites « Il n’y a plus rien à attendre de ceux qui nous gouvernent ». On pourrait vous accuser de populisme… Qu’est-ce qui vous différencie de ce mode de pensée ?

Pour moi, il n’y a plus rien à attendre de ceux qui nous gouvernent AUJOURD’HUI. Mais je suis contre le populisme ou l’anti-système. Tant que les politiques resteront un système ou ils ont droit de faire ce qu’ils veulent, sans aucune conséquence et que leur carrière et plus importante que le reste, on pourra mettre qui l’on veut au « pouvoir », même Gandhi, ce sera toujours le même résultat.

Nous ne sommes pas populistes, au contraire. Nous cherchons à arrêter le défaitisme, arrêter la complainte, ce constat qui dirait tous pourris et qui justifierait tout, nous le refusons. Non, les politiques ne sont pas les seuls responsables. Nous sommes tous responsables. Nous avons été responsables de ce jeu, car nous l’avons joué, nous avons été accrocs à la petite phrase politique, à l’actualité trop rapide, nous avons cru que les choses étaient ainsi, nous avons joué le jeu des élections, nous avons pour certains été militants ou en politique, nous avons eu des réveils difficiles. Mais nous sommes responsables dans les deux sens. Nous pouvons construire notre avenir et changer les règles du jeu. Parce que nous sommes responsable nous n’avons rien à attendre de ceux qui nous gouvernent, car nous avons été déçus, très bien, nous sommes exigeants envers nous-même et nous allons construire les alternatives, proposer et avancer…

Le système de la Vème république est incapacitant pour les femmes et les hommes que nous sommes, il entrave nos projets de civilisation nouvelles, mais il est parfois pratique : nous nous déresponsabilisons et nous rejetons toujours la faute sur les autres et ceux qui nous dirigent. A tort ou à raison. Qu’on le veuille ou non, ils sont le produit de notre action ou inaction. Même les abstentionnistes sont responsables de la situation actuelle, oui, y compris eux. Si nous avons toutes les raisons d’être en colère car nous nous sentons pris au piège, nous pouvons constater simplement l’échec des politiques en général. Pourquoi les mêmes personnes depuis 30 ans dans le même système pourraient faire mieux demain qu’hier ?
Il y a en fait un problème s’ils échouent tous, cette version de la démocratie est anachronique et dépassée. Cette colère que nous ressentons tous est une formidable énergie et une force qu’il faut transformer en proposition, en plaisir et envie d’aller de l’avant et d’inventer un horizon nouveau pour la démocratie. Certains autres mouvements politiques surfent sur la colère, sur la peur de l’autre, le rejet, ils disent « tous pourris », mais ils veulent eux aussi qu’on leur délègue notre responsabilité. Et pourquoi feraient-ils mieux que les autres ? Avec les mêmes institutions, les mêmes banques et les mêmes lobbies. Nous voulons sortir de cette délégation qui nous enlève notre capacité à être debout, vivant et décideur de notre présent et avenir. #MaVoix c’est prendre et assumer sa responsabilité. Individuelle. Au sein du collectif. C’est le « Je » dans le « Nous ». C’est être démagogique de dire : « prenons nos responsabilités, décidons, assumons, soyons comptables » ? Et donc à l’inverse de celles et ceux qui attisent peur et haine de l’autre, nous voulons au contraire aller vers l’Autre, ce citoyen qui ne nous ressemble pas, mais avec qui nous devons construire de fait la société dans laquelle nous vivons.

Est-il réaliste de vouloir « co-construire » et décider ensemble quand il s’agit de participer, via l’Assemblée,  à la bonne marche d’une nation de 70 millions d’habitants ?

Prise de décision du collectif Ma Voix #MaVoix

Nous ne cherchons pas à être d’accord sur tout, nous cherchons les modalités qui nous permettrons de débattre sainement. Il se trouve qu’aujourd’hui nous avons des outils pour cela, des citoyens engagés qui ont envie de prendre leur place à la table des décisions et qui comprennent la responsabilité que cela implique, des outils de débat en réel et online, et petit à petit se développent à travers le monde différents outils pour partager et voter en ligne. Oui c’est réaliste.

Les moyens technologiques, méthodiques ont évolué, nos institutions datent d’un siècle dépassé. Le collectif #MaVoix est une expérience, une expérience n’est pas forcément couronnée de succès, mais elle a le mérite d’essayer. Nos 50 députés présents en moyenne sur 577 sont ils plus capables et légitimes de décider pour 70 millions de français ?

La fabrique de la loi est déjà un processus de co-construction entre le Gouvernement et le Parlement, l’Assemblée nationale et le Sénat, les majorités et les oppositions qui s’expriment via les amendements… sans parler de l’influence des corps intermédiaires. Il s’agit désormais d’élargir la table de discussion et de décision pour que d’autres voix s’expriment. Grâce à des outils numériques, nous pouvons commencer à répondre aux défis de temps et d’espace qui rendaient jusqu’ici indépassable la démocratie représentative élective.

Quelles sont ces « méthodes » et « outils d’intelligence » collective que vous développez ?

Pour vivre ensemble en décidant ensemble, il faut que nous apprenions à le faire. Nous en sommes loin. Nous n’apprenons pas dans nos écoles à faire « avec », à faire ensemble. Nous apprenons plutôt la compétition, le chacun pour soi, rentrer dans des cases, des castes et des moules. Pour réaliser la transition dont nous avons besoin, nous avons besoin de déconstruire ce que nous avons appris, et de nous former les uns les autres à toutes les nouvelles matières qui vont nous aider à faire cette mutation. Heureusement, beaucoup de nouvelles sciences, visions et outils émergent et sont documentés : internet et démocratie, reinventing organisation, community organizing, la facilitation, l’holacratie, la sociocratie, beaucoup de pionniers sont là pour éclairer la route, comme l’Université du Nous, par exemple, ou encore Frédéric Laloux, Dominique Cardon, Dominique Rousseau, Cynthia Fleury, Michel Bauwens, Richard Stallman, et tant d’autres… Il y a un gros enjeu de formation pour les citoyens que nous sommes dans #MaVoix. Il y a comme une école dans le projet. Nous construisons un MOOC pour former les citoyens aux institutions du Parlement. Car pour hacker un système, il faut le connaître. On va donc se former aux institutions mais aussi à la transmission pair à pair des connaissances d’intelligence collective : techniques de facilitation, initiations aux matières citées ci-dessus. #MaVoix est une expérience apprenante. On ne sait pas où on va, mais on sait qu’on apprend. Toutes les réunions sont montées comme cela en 2 parties : on se nourrit d’abord, puis on enrichit l’expérience. Enfin, nous testons différents sites de prise de décision en ligne comme DemocracyOS, et Cocorico, en particulier, et des contributeurs construisent brique après brique les outils dont nous avons besoin. Tout est sur le github #MaVoix pour les développeurs que ça intéresse. Nous testons un premier vote avec un protocole blockchain. Au lieu d’en parler, nous nous sommes dits que ça serait plus intéressant de le tester et de comprendre comment ça marche et ce que ça nous apporte ou pas. C’est assez excitant de découvrir en même temps autant de matières émergentes, c’est une sacré chance que nous nous offrons à travers #MaVoix. C’est la contre partie de notre engagement en temps et en énergie, quelle récompense !

Si l’on comprend bien, dans votre modèle, le député n’est qu’un hologramme destiné à recevoir les ordres de ceux qui l’ont fait. Bien des fois, il faudra voter « oui » ou « non » à une proposition de loi, à une orientation budgétaire, et vous ne serez pas toujours d’accord entre vous. Comment cela se passera-t-il alors ?

Le vote de la loi fonctionne toujours sur le mode oui/non/abstention. Un plateforme comme DemocracyOS permet de connaître la répartition des votes. Si #MaVoix n’avait qu’un(e) député(e), il voterait comme le résultat majoritaire exprimé sur la plateforme ; s’il y avait plusieurs député(e)s, ils voteraient en proportion des résultats.

Imaginons : on a 10 députés MaVoix. Sur la loi « X », on dénombre sur la plateforme de vote 30% de non, 50% de oui et 20% d’abstention. Alors 3 députés MaVoix voteront non, 5 voteront oui et 2 s’abstiendront.

Tout dépendra du nombre de députés. S’il n’y en a qu’un, ce sera, effectivement, délicat. Mais à partir de trois, le vote de nos députés reflétera la diversité des décisions sur la plateforme.

Nous ne cherchons pas à être d’accord sur tout, mais à trouver les modalités pour débattre et pour voter. Effectivement dans l’expérience #MaVoix la promesse de départ est que les députés répercuteront à l’AN les votes des électeurs. Mais ne pas être d’accord c’est un signe de bonne santé, il y a un débat avant, qui permettra aussi de se positionner, de se forger sa conviction, de prendre position ou de s’abstenir d’ailleurs. Le député peut aussi faire remonter ce qui se passe à l’AN, puisque nous n’y avons pas toujours accès. Mais à un moment donné, c’est le vote, et là les citoyens se prononcent, là effectivement le député répercute les votes. Il y a une différence notable c’est que c’est les citoyens qui débattent et se positionnent et non les députés et il est beaucoup plus difficile pour un groupe politique et des lobbys de retrouver chacun des électeurs chez eux et de faire pression.

Le député est effectivement un moyen. Des femmes et des hommes d’accord pour jouer le jeu du maillon de la chaîne. Sans elles et eux, ça ne serait pas possible de faire cette expérience inédite. MAIS en ce qui concerne la décision et l’expression de la délibération, nous n’avons pas à nous mettre d’accord. Ce n’est pas ça la promesse de #MaVoix. « Tu votes pour qui ? » « Je vote pour #MaVoix » = je vote pour me positionner. » Ma voix compte. Telle qu’elle. Nous ne sommes pas dans un cas exécutif, nous sommes dans l’Assemblée Nationale. L’expression de toutes et tous. Nous appliquerons donc la proportionnelle. Nous retranscrirons tel quel le résultat du vote sur le nombre de députés la proportion de oui, de non, d’abstention. Question de cohérence, et ça permettra d’avoir un climat plus serein, pas besoin de gagner un groupe de députés, juste faire entendre sa voix. Ce n’est pas un affrontement mais un positionnement. Ca change tout. Dans #MaVoix, il n’y a pas de camp contre camp. Il n’y a pas de frontières idéologiques préconçues. Il y a des gens, tous différents qui s’allient un jour sur un sujet, s’affrontent le lendemain sur un autre, etc… Ils se respectent eux-mêmes toujours puisqu’ils n’ont pas à adopter la posture d’un parti, ils ont juste à être eux-mêmes et à penser par eux-mêmes. Evidemment en se nourrissant du débat dans l’Espace Public, mais en détenant personnellement la clé de décision toujours à la fin. Qui mise bout à bout forme une décision collective.

 

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Cette interview est composée d’une sélection des réponses qui résument les différentes réactions des 22 membres du collectif. L’ensemble de leurs réponses est disponible ici.